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Somalie : Donner la parole aux femmes de Beledweyne dans la consolidation de la paix par SMS

29 novembre, 2023

Par Mohamed Eid, chef de projet, Media Ink

Mon parcours dans le domaine de la consolidation de la paix a commencé avec la dure prise de conscience que les préoccupations des femmes étaient souvent négligées. Cette réalité est évidente dans ma ville natale, Beledweyne, la capitale de l’État de Hiiraan. Pendant trop longtemps, les femmes de Beledweyne ont été marginalisées et exclues de la participation active aux initiatives de consolidation de la paix, malgré leur rôle crucial dans la prévention des conflits et sur cette question.

J'ai travaillé dans le cadre du consortium du programme Miisaan, qui cherche à améliorer les processus de justice transitionnelle informés au niveau local en Somalie et au Somaliland. Notre étude de base a révélé une statistique décourageante : une absence totale de voix des femmes dans le discours de paix. Les obstacles pour celles-ci étaient évidents : les institutions patriarcales, les normes culturelles et religieuses, les conflits armés et l’insécurité, ainsi que les dynamiques intra-familiales ont tous joué un rôle. Reconnaître l’importance des normes culturelles et religieuses est essentiel pour promouvoir la participation des femmes à la consolidation de la paix. En favorisant le dialogue et la compréhension, nous visions à combler le fossé entre la tradition et l’inclusion du genre. La participation des femmes n’est pas une menace pour les valeurs culturelles ou religieuses mais un moyen d’améliorer l’efficacité et la durabilité des initiatives de paix.

Poussé par ces indications, le consortium Miisaan est passé à l’action. Nous avons lancé une émission de radio à Beledweyne dédiée à la promotion de la paix et au plaidoyer en faveur de l’inclusion des femmes dans la consolidation de la paix. Ces programmes radiophoniques ont été conçus pour éduquer, sensibiliser et inciter celles-ci à participer activement aux initiatives de résolution des conflits. Au départ, de nombreuses femmes pensaient que cette approche était un devoir réservé exclusivement aux hommes, mais les émissions de radio ont progressivement modifié cette perception.

Nos efforts d’engagement se sont d’abord heurtés à un défi : le manque de participation et de réponse des femmes. Cependant, nous avons persévéré et nous avons observé un changement remarquable sur une période de six mois. La participation des femmes est passée de moins de 5 % à 17 %, pour atteindre 25 % au cours du semestre suivant. La corrélation était claire : à mesure que nous diffusions davantage de programmes radio, de plus en plus d’entre elles se sont manifestées pour rejoindre les conversations via la plateforme SMS.

Au cours de mes sept années de travail dans ce domaine, il s’agissait d’un changement sans précédent. C’était la première fois que je voyais des femmes à la fois désireuses et plus réceptives à jouer un rôle actif dans la consolidation de la paix. Nous avons d’abord tenté de recueillir leurs opinions par le biais de discussions de groupe traditionnelles, qui, malheureusement, n’ont pas abouti au niveau d’engagement souhaité de la part de celles-ci. Cependant, lorsque nous sommes passés à la plateforme SMS comme principal mode de communication, nous avons observé une transition remarquable. Ce changement a souligné le pouvoir des messages texte pour impliquer directement et autonomiser les femmes dans nos efforts de consolidation de la paix, conduisant à une augmentation significative de leur participation active.

Cette transformation témoigne du pouvoir du dialogue par SMS et de son potentiel en matière de plaidoyer. À mesure que nous poursuivons le programme Miisaan, nous prévoyons de nouveaux progrès. Nous nous attendons à une augmentation continue de la participation des femmes aux initiatives de consolidation de la paix, qui joueront sans aucun doute un rôle central dans la réduction des conflits et la promotion d’une paix durable.